


Hausse du prix de l’électricité : pourquoi la France est-elle concernée ?
L’augmentation du prix de l’électricité passée et à venir s’explique principalement par la hausse de celui des combustibles fossiles, une relation permise par la libéralisation du secteur de l’énergie et qui impacte la France malgré sa production excédentaire.
Événement majeur de l’automne, l’augmentation du prix de l’électricité n’est a priori plus une surprise pour personne. Après une hausse des tarifs réglementés de 0,5% au mois d’août, une nouvelle salve est attendue en février 2022, initialement anticipée à +12% et finalement limitée à +4% par la décision du gouvernement de réduire le montant des taxes. Comment expliquer les raisons de cette augmentation brutale ? La réponse est multifactorielle…

Le gaz responsable…
Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’augmentation récente et à venir du prix de l’électricité est due en grande partie à celle du prix du gaz et autres combustibles fossiles tels que le charbon et le fioul. En effet, le prix d’un kilowatt-heure (KWh) d’électricité est défini en fonction du prix de la dernière unité de production utilisée pour le générer. C’est ce que l’on appelle le “merit order” : les moyens de production sont mis en service successivement pour répondre à la consommation dans l’ordre croissant de leur coût, d’abord les renouvelables (solaire, éolien…), puis les centrales nucléaires et enfin les centrales thermiques (gaz, charbon…). Or, comme l’explique Régis Contreau, ex-chef de projet chez GRDF et co-président d’Énergie de Nantes (EDN) : “Quand les besoins augmentent, il faut faire appel à des centrales à gaz, à charbon… pour produire rapidement”. Les prix de ces combustibles, et particulièrement ceux du gaz, ayant fortement augmenté ces derniers mois, principalement en raison de la reprise économique post-Covid, cette hausse se répercute mécaniquement sur le tarif de vente de l’électricité.
…mais la libéralisation du secteur de l’énergie est la vraie coupable
Il importe cependant de préciser que cette répercussion “mécanique” ne l’est que parce que l’électricité s’échange principalement sur un marché non régulé, soumis à la loi de l’offre et de la demande. Depuis 2007, sous l’impulsion de l’Union européenne, les Etats membres dont la France ont ouvert à la concurrence le marché de l’énergie pour les particuliers. Résultat : en mars 2021, selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE), environ 71% de la consommation française est fournie par des offres de marché, dont les tarifs sont fixés librement par les fournisseurs et donc particulièrement impactés par les variations de prix au sein des bourses de l’électricité.
Il existe bien un dispositif en France permettant aux fournisseurs d’acheter une partie de leur électricité auprès d’EDF au prix fixé par l’État de 42€/MWh, et donc de proposer des prix de vente plus avantageux à leurs clients : l’ARENH (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique). Seulement, “l’ARENH c’est 100 TWh (térawatt-heure) maximum donc tout le reste est acheté aux producteurs ou sur le marché” précise Gautier Moreau, responsable concessions et innovations au Syndicat Départemental d’Énergie de Loire-Atlantique (SYDELA). En 2019, selon le Réseau de transport d’électricité (RTE), la consommation totale en France était de 473,41 TWh. Le reste, c’est donc environ 80% de ce qui est consommé…
Une indépendance énergétique française relative
Malgré ces explications, une question demeure : pourquoi la France est-elle impactée par les variations de prix sur le marché de l’électricité alors que sa production est excédentaire ?
En effet, si l’on se réfère aux chiffres de RTE, la production totale était de 537,47 TWh en 2019, soit un surplus de 64,06 TWh. L’explication de cette apparente contradiction réside dans le fait que l’électricité ne peut pas être stockée. Ainsi, lorsque la production française est supérieure à la consommation nationale, l’excédent est vendu sur le marché tandis qu’une demande dépassant le volume de production maximum (liée à un pic de froid par exemple) implique d’importer de l’électricité pour la satisfaire.
Qui plus est, la situation en 2021 est particulièrement mauvaise pour la production, précise M. Contreau, car “à cause du Covid, la maintenance des centrales a été insuffisante donc il y a un manque de centrales opérationnelles”. D’où une compensation par un recours accru aux centrales thermiques, notamment à gaz.
Indépendamment de la hausse conjoncturelle que les éléments précédemment évoqués permettent d’expliquer, on observe depuis le début des années 2000 une tendance de long terme à l’augmentation du prix de l’électricité. Ainsi, selon l’INSEE, l’augmentation a été de 50% entre 2007 et 2019. Là encore, de nombreuses raisons sont avancées : relèvements successifs des taxes et notamment de la contribution au service public de l’électricité (CSPE), hausse du prix des combustibles fossiles liée à la diminution des réserves disponibles, investissements importants dans des modes de production renouvelables, libéralisation du secteur de l’énergie donnant lieu à des activités spéculatives… Quelles que soient les explications, des solutions durables doivent être envisagées dès à présent car les mesures ponctuelles, telles que l’augmentation de 100€ du chèque énergie annoncée par le gouvernement en septembre, ne seront d’aucun effet contre une augmentation structurelle du prix de l’électricité.

Bonjour tout le monde !
Bienvenue sur WordPress. Ceci est votre premier article. Modifiez-le ou supprimez-le, puis commencez à écrire !